Choisir de changer plutôt qu’être convaincus de la nécessité de le faire, ce n’est pas plus simple mais c’est radicalement plus efficace, plus profond, plus durable et surtout de moins en moins douloureux et difficile au fur et à mesure du processus.

Et c’est sans doute cela, la bonne nouvelle : plus on change dans ces conditions, plus le changement devient désirable, facile, pérenne car il produit du mieux-être, de la satisfaction et enclenche un cercle vertueux dans lequel plus nous changeons, plus nous sommes récompensés et plus nous avons envie de changer.
Le principal frein au changement, c’est notre ego.
Le plus compliqué dans le changement, c’est le premier pas. C’est lui qui nous coûte le plus, auquel on résiste souvent bec et ongles pendant parfois très longtemps. C’est pour cette raison que, face au dérèglement climatique par exemple, nous exigeons toujours la prochaine preuve, la nouvelle étude, la catastrophe de plus, … Parce que nous n’avons viscéralement pas envie, mais pas envie du tout, de faire ce premier pas. Pourquoi ? Parce que nous avons peur. Nous sommes mêmes morts de trouille.
Heureusement, nous n’en sommes pas réellement conscients au quotidien ! Mais toutes nos actions – ou devrais-je dire plutôt nos réactions – sont conditionnées par nos peurs et nos blessures intérieures, face auxquelles notre ego a consacré son existence à bâtir des stratégies de réponse adaptées pour nous éviter de souffrir. C’est donc là tout l’enjeu : tant que notre ego continue d’être seul aux manettes de notre existence et de nos choix, de nos façons d’envisager le monde, de penser et d’agir, nous restons enfermés dans des schémas étroits et répétitifs qui sont autant de freins au changement.
Autant dire que face à chaque nouvel argument, chaque nouvelle donnée, chaque nouvel événement, aussi dramatiques et potentiellement effrayants puissent-ils être, notre ego va s’employer à mobiliser tout son talent pour y opposer une argumentation très élaborée, avec toute l’apparence de rationalité nécessaire (je dis bien « apparence »), toute une liste de raisons et justifications pour nous rassurer et nous confirmer dans notre besoin de penser qu’il n’y a absolument aucune urgence à changer, à se mettre en inconfort, à se mettre en « danger », ou dans ce qu’il perçoit comme dangereux.
Le véritable levier du changement n’est pas notre esprit rationnel. Même si ce dernier reste bien évidemment essentiel dans la mise en œuvre et en actions de ce changement. L’étincelle initiale, l’élan qui va nous conduire à faire ce pas en avant, ce saut dans le vide et l’inconnu de la nouveauté, cet élan-là vient d’ailleurs. Il vient du cœur.
Seul le cœur peut nous donner le courage nécessaire d’affronter et de dépasser nos peurs et l’enfermement limitant dans lequel nous maintient notre ego. Seul le cœur va nous permettre de porter un autre regard, moins étroit, moins biaisé sur notre situation, ouvrant par là-même de nouvelles perspectives, de nouveaux possibles. Étymologiquement, le mot « courage » ne vient-il pas du mot latin cor qui signifie… « cœur » ?
Changer, c’est choisir de bâtir un nouvel équilibre, en nous et autour de nous.
Mais qu’est-ce que ce courage dont nous devons faire preuve ? Comment se manifeste-t-il ?
Je crois que bien souvent, il se révèle à nous malgré nous. Précisément parce qu’il suppose de tromper la vigilance de notre ego pour échapper à son pouvoir de contrôle. Il se manifeste quand nous traversons une zone de turbulences particulièrement forte, qui vient créer en nous un déséquilibre, une dissonance tels qu’il nous semble alors que nous n’avons plus d’autre choix que de changer. Mais en réalité, ce choix du changement reste un choix qui nous appartient. Un choix que nous embrassons pleinement. Simplement, il vient d’un autre espace en nous, un espace avec lequel nous avons peu l’habitude de nous connecter : il nous est inspiré par notre cœur, au mépris des avertissements et résistances de l’ego.
Cette situation de déséquilibre sera singulière et propre à chacun. Elle peut sembler brusque, inopinée, imprévisible mais en réalité, elle est souvent l’aboutissement, le symptôme ultime, le point d’orgue d’un processus lent et souterrain, dont nous avons régulièrement et consciencieusement choisi d’ignorer les signaux, les alertes, les prémisses – souvent envoyés par notre corps – du fait de la vigilance et l’intransigeance de notre ego.
A ce moment-là, une peur devient plus forte que toute autre : celle de ce qui pourrait se passer, de ce que nous pourrions devenir si nous ne changeons pas. C’est là qu’intervient le courage, celui qui va nous donner l’élan nécessaire pour changer, afin non pas de revenir à l’état d’équilibre initial mais installer un nouvel équilibre, qui est avant tout un équilibre intérieur.
Nous sommes de plus en plus nombreux à en faire l’expérience, lorsque ce déséquilibre intérieur s’installe et grandit en nous, comme un écho au déséquilibre environnementale et social que nous observons et que nous ne pouvons plus simplement choisir d’ignorer. Certaines et certains acceptent courageusement de témoigner pour nous aider à mieux comprendre, nous inspirer, nous encourager à notre tour si nous nous sentons appelés, poussés à cela.

Changer nous permet d’atteindre un nouvel état d’être, une sécurité et une paix intérieure renforcées, de nouvelles sources d’épanouissement et de satisfaction.
Parce que j’ai vécu moi-même ce processus de déséquilibre, de rupture et de lente reconquête d’un nouvel équilibre, parce que j’en ai fait l’expérience sensible, j’ai réalisé et compris que je ne devais plus chercher à convaincre toutes celles et tous ceux que je croisais sur mon chemin. Pour contribuer à changer la société, à imaginer et co-construire un nouvel équilibre, de nouveaux modèles, je devais agir à ce moment précis où un espace s’entrouvre en nous, permettant d’imaginer de nouveaux possibles : ce moment du déséquilibre intérieur.
Car c’est dans cette période de grande vulnérabilité, de détresse parfois, que le courage se révèle. Et que l’on prend conscience de notre pouvoir. Non pas le pouvoir de contrôler, imposer, réfuter mais le pouvoir de s’autoriser, changer, imaginer, créer et inspirer progressivement de plus en plus de personnes autour de nous, en incarnant nous-mêmes le changement.
Un changement qui n’est alors plus alors synonyme de perte, de renoncement, de contraintes.
Un changement qui prend peu à peu source et forme à mesure que nous cheminons à l’intérieur de nous, vers une meilleure compréhension de qui nous sommes, pour mieux s’exprimer, se matérialiser et s’enraciner ensuite petit à petit, pas après pas, dans notre nouvelle réalité.
Un changement qui est avant tout un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur. Du Soi vers le Nous. De Moi vers l’Autre. De l’Être vers le Faire. Vers un mieux-être et la possibilité de révéler et d’exprimer enfin pleinement notre singularité, notre essence et notre plein potentiel.
Un cheminement introspectif pendant lequel on peut parfois se sentir seul.e et éprouver le besoin d’un soutien, d’un accompagnement pour nous aider à adopter un autre regard, une autre perspective.
Pour avoir emprunté ce chemin, pour en avoir éprouvé les vicissitudes mais goûté aussi aux immenses récompenses qu'il procure, j’ai choisi d’accompagner, de soutenir et guider celles et ceux qui se sentent appelés à l’emprunter à leur tour.
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